The Tipping Point de Malcolm Gladwell
Le « Tipping Point » (« point de bascule » dans la langue de Molière) est un terme emprunté à l’épidémiologie qui correspond au seuil critique à compter duquel le nombre de personnes atteintes par un virus s’accroit de manière exponentielle (il a été aussi utilisé pour décrire le taux de criminalité d’une ville, les effets d’une catastrophe nucléaire, etc.). Dans son ouvrage éponyme, Malcolm Gladwell s’attache à appliquer ce terme à des domaines plus entrepreneuriaux en introduisant la notion de « contagion ou viralité des idées ».
Bombardée par un flot continu de messages publicitaires, notre attention n’est que peu réceptive aux informations. Selon Malcolm Gladwell, notre entourage est encore le seul à pouvoir nous influencer efficacement et le bouche-à-oreille représente de loin le meilleur moyen de propager une idée. Encore faut-il en comprendre les mécanismes d’interactions !
Le succès de la viralité des idées nécessite la mise en place de :
1) Les déclencheurs ou la loi du petit nombre (the law of the few). Il se réfère ici au principe économique du « 80/20 » qui dit que 80% du travail se fait par 20% des participants et qu’une minorité de personnes ayant des qualités sociales hautement développées permettent à la viralité de s’étendre. Il distingue 3 typologies sur lesquelles il sera nécessaire de s’appuyer :
- Les experts (Mavens), extrêmement bien informés, toujours à l’affut des nouveautés, ils accumulent les connaissances et sont très doués pour les partager dans l’unique but de rendre service.
- Les connecteurs (Connectors) qui possèdent un vaste réseau social et qui sont donc de véritables carrefours de relations, capables de rassembler beaucoup de gens en très peu de temps.
- Les prescripteurs (Salesmen), véritables vecteurs de persuasion, leur force de conviction et leur charisme poussent les autres à adhérer à ce qu’ils disent.
Le processus de diffusion peut être résumé de la manière suivante : Les experts (Mavens) prennent connaissance d’une nouvelle idée et se l’approprient, ils la triturent dans tous les sens et commencent à en parler autour d’eux. Dans leurs cercles de relations se trouvent un ou plusieurs connecteurs (Connectors) qui propageront l’idée à un large groupe de personnes. Plusieurs de ces personnes sont des prescripteurs (Salesmen) qui exerceront leur talent de persuasion pour les vendre aux autres créant ainsi une viralité « sociale ».
2) Le principe de l’adhérence (the stickiness factor) ou la capacité d’une idée de rester imprimée dans l’esprit des gens. Même si un large groupe de personnes est au courant d’une idée, nous dit Malcolm Gladwell, si le message n’adhère pas, les gens ne s’en préoccuperont pas. Pour lui, la manière dont sont présentées les idées à un impact plus important encore que son contenu même.
3) Le contexte de viralité (the power of context). L’environnement dans lequel les gens évoluent influence profondément leur comportement. Des changements mineurs dans au sein de celui-ci peuvent avoir des répercussions importantes sur la manière dont les gens se comportent (il cite l’exemple de la propreté ou l’absence de propreté des quais du métro qui influe complètement sur la civilité des usagers dans les transports).
Anecdote amusante en opposition avec la viralité, Malcolm Gladwell nous parle aussi du nombre de Dunbar. Robin Dunbar, célèbre anthropologue britannique, après avoir analysé la taille du néo-cortex de différents primates et l’avoir comparé au nombre d’individus de leurs groupes respectifs en a déduit par extrapolation que le nombre d’amis, avec lesquels un humain peut entretenir une relation stable, à un moment donné de sa vie est de maximum 150 (147,8 pour être exact).
Comme tous les livres de Malcolm Gladwell, The Tipping Point regorge d’exemples de construction de viralité.